lundi 30 juillet 2012

CENDRES & ESPOIR

En traversant l'impressionnant pont Ambassadeur qui relie Windsor (Canada) à Detroit (USA), on se demande quelle ville on va découvrir. La lecture de quelques articles de presse (dans Le Morgen, le Monde et le blog "Detroit Je t'aime" -lire notamment: "Nous sommes tous de Détroit") ont aiguisé ma curiosité. Sur la gauche apparaissent quelques grosses installations industrielles, sur la droite la skyline de Down Town. L'autoroute 94, prise en direction du Nord-Est, ne laisse pas deviner la ville. Nous refaisons, avec notre hôte Julie - rencontrée via la plateforme AIRBNB (heureuse rencontre)- le chemin inverse, par l'intérieur de la ville et c'est alors que celle-ci se dévoile, me faisant penser à une ville touchée par une guerre ou un tremblement de terre, un peu comme le centre de Managua durant les années '80. Une ville sans densité, quelque peu désertique, où le vert sauvage a pris le dessus sur les quartiers. On devine les alignements anciens; quelques maisons de bois éparses sont occupées; d'autres s'écroulent, incendiées ou non. L'essentiel a été rasé. Cette configuration s'étend sur l'ensemble de la ville, laissant parcimonieusement place à quelques espaces de concentration d'activités et de vie: Hamtramck, Indian Village, Lafayette Park, le quartier mexicain, Down Town.

Speramus Meliora Resurget Cineribus: la devise de Détroit a été choisie à la fin du 19ième siècle, au lendemain d'un incendie ravageur. Aujourd'hui à nouveau, elle la caractérise: les cendres et l'espoir! Motortown n'est plus que l'ombre d'elle-même. Les gratte-ciels du centre historique rappellent la prospérité passée; les usines à l'abandon -Packard Plant est remarquable- et surtout, la succession interminable de terrains vagues anciennement bâtis témoignent du déclin présent, encore accentué par la crise des sub-primes. L'espoir, on le trouvera surtout dans les récits entendus et quelques signaux aperçus. Comme il ne reste plus grand chose, beaucoup est à faire et tout semble possible. De  nouvelles activités surgissent (atelier/magasin de reconstitution de vélo, les fameuses fermes urbaines, ...), reposant sur le recyclage, les économies et la créativité, préfigurant ce qui pourrait être un développement plus durable que celui de l'Amérique de la consommation et de la production effrénées. De jeunes diplômés des grandes villes de la Côte Est viennent s'installer ici, attirés par l'accessibilité de l'immobilier et l'environnement créatif. Le mouvement, même s'il est marginal et paraît peu impliquer la communauté Afro-Américaine, est amorcé.

C'est une ville touchante que nous avons découverte, que nous suivrons et tenterons de faire découvrir à notre tour (ML).



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