En traversant l'impressionnant pont Ambassadeur qui relie
Windsor (Canada) à Detroit (USA), on se demande quelle ville on va découvrir. La
lecture de quelques articles de presse (dans Le Morgen, le Monde et le blog
"Detroit Je t'aime" -lire notamment: "Nous sommes tous de Détroit") ont aiguisé ma curiosité. Sur la gauche
apparaissent quelques grosses installations industrielles, sur la droite la
skyline de Down Town. L'autoroute 94, prise en direction du Nord-Est, ne laisse
pas deviner la ville. Nous refaisons, avec notre hôte Julie - rencontrée via la
plateforme AIRBNB (heureuse rencontre)- le chemin inverse, par l'intérieur de
la ville et c'est alors que celle-ci se dévoile, me faisant penser à une ville
touchée par une guerre ou un tremblement de terre, un peu comme le centre de
Managua durant les années '80. Une ville sans densité, quelque peu désertique,
où le vert sauvage a pris le dessus sur les quartiers. On devine les
alignements anciens; quelques maisons de bois éparses sont occupées; d'autres
s'écroulent, incendiées ou non. L'essentiel a été rasé. Cette configuration
s'étend sur l'ensemble de la ville, laissant parcimonieusement place à quelques
espaces de concentration d'activités et de vie: Hamtramck, Indian Village, Lafayette Park, le quartier mexicain, Down Town.
Speramus Meliora Resurget Cineribus: la devise de Détroit
a été choisie à la fin du 19ième siècle, au lendemain d'un incendie ravageur.
Aujourd'hui à nouveau, elle la caractérise: les cendres et l'espoir! Motortown
n'est plus que l'ombre d'elle-même. Les gratte-ciels du centre historique
rappellent la prospérité passée; les usines à l'abandon -Packard Plant est
remarquable- et surtout, la succession interminable de terrains vagues
anciennement bâtis témoignent du déclin présent, encore accentué par la crise
des sub-primes. L'espoir, on le trouvera surtout dans les récits entendus et
quelques signaux aperçus. Comme il ne reste plus grand chose, beaucoup est à
faire et tout semble possible. De
nouvelles activités surgissent (atelier/magasin de reconstitution de
vélo, les fameuses fermes urbaines, ...), reposant sur le recyclage, les
économies et la créativité, préfigurant ce qui pourrait être un développement
plus durable que celui de l'Amérique de la consommation et de la production
effrénées. De jeunes diplômés des grandes villes de la Côte Est viennent s'installer ici, attirés
par l'accessibilité de l'immobilier et l'environnement créatif. Le mouvement, même
s'il est marginal et paraît peu impliquer la communauté Afro-Américaine, est
amorcé.
C'est une ville touchante que nous avons découverte, que
nous suivrons et tenterons de faire découvrir à notre tour (ML).
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