La dernière étape urbaine de notre séjour
nord-américain sera donc Chicago, à environ 4 heures de route de Detroit. Avec
ses 3 millions d'habitants, Chicago (dans l'Etat d'Illinois, sur le Lac
Michigan) est la principale ville du Midwest et semble en avoir pompé les richesses (place financière mondiale des matières premières). La prospérité économique apparaît au premier coup oeil.
Le centre historique (Loop) comporte bien entendu un bel échantillon de
gratte-ciels historiques de type Beaux Arts, mais les récentes tours et les nouveaux espaces publics, soignés, propres et
brillants, lui confèrent une allure qui la rapproche davantage des nouvelles
villes asiatiques que de New York.
Autre élément qui frappe: le contrôle policier: patrouilles, caméras de rue et bornes installées à chaque
coin de rue. La réputation de ville du crime est définitivement effacée si l'on
en croit les chiffres publics de la criminalité. Voilà donc un environnement propice au tourisme classique (le secteur contribue au développement de la ville) et à la découverte des
trésors culturels anciens (les maisons prairie dans Oak Park) et nouveaux (Anish Kapoor,
...).
NEW YORK, BOSTON, NEW ENGLAND, MAINE, MONTREAL, DETROIT, CHICAGO AND THE MIDWEST
jeudi 9 août 2012
lundi 30 juillet 2012
URBAN FARMER
Les potagers urbains sont à la mode. Dans ce pays du "jardin-pelouse", c'est une petite révoluton culturelle. Mais ce qu'on appelle
aussi parfois "fermes urbaines" recouvre une multiplicité de contenus
aux finalités diverses. A New York, faute d'espace au sol, certaines toitures
sont désormais exploitées comme "champs" pour fournir aux habitants
locaux -plutôt fortunés et attentifs à la qualité de leur nourriture- des
légumes frais et indigènes. Des supermarchés concluent des accords
d'exploitation de leur toiture avec des entreprises agricoles spécialisées; des
ouvriers agricoles sont engagés.
A Detroit, la logique est toute autre. La terre est largement disponible dans le périmètre même de la cité et la demande ne porte pas tant sur les fruits
que sur l'activité elle-même; les acteurs sont les habitants. Les jardins potagers se multiplient ici comme autant de reconquète d'espaces laissés pour compte; le jardinage devient
une dynamique collective d'appropriation de lieux perdus. C'est cette dimension
sociale qui est souvent mise en avant par les "fermiers" locaux.
Parmi les pionniers de l'urban farming à Detroit figure
Paul Weertz - le compagnon de notre hôte Julie. Professeur de sciences dans une
école pour jeunes mères célibataires, ce sont des objectifs pédagogiques qui
l'ont amené à fonder une ferme au sein même de son
instution scolaire. "Mes inspecteurs m'obligeaient à faire des dissections
en classe, opérations peu appréciées de mes étudiantes.
Alors, j'ai commencé la ferme: potager, verger, ruches, élevage de petit bétail
et de volaille. Les filles apprenaient la biologie et la chimie en travaillant
la terre et en observant le comportement des animaux". Retraité depuis
peu, Paul poursuit son activité agricole sur un grand lopin de terre à
l'arrière de la rue dont il a acquis quelques maisons pour une peau de chagrin.
Avec son tracteur Ford de 1964, Paul fait aussi des ballots de foin dans les prairies de
Detroit. Et tous les samedis matins, il rejoint ses copains activistes au
Farmers Restaurant proche du Eastern Farmer Market, le populaire marché fermier.
MIES VAN DER ROHE
Au centre
de cette ville -Detroit- marquée par le déclin industriel se trouve le
"moderne" Lafayette Park, curieux îlot radicalement différent.
Lafayette Park comporte trois tours de logements et 186 maisons mitoyennes
(un ou deux niveaux) réunies par blocs et reliés par un harmonieux continuum
végétal. Une école primaire et un centre commercial s'ajoutent aux logements. L'architecture
des constructions, combinaison de verre et d'acier, confère à l'ensemble une
identité propre et une unité forte, soulignées par un travail paysager peu
commun. Aussi, ses aspects soigné, entretenu et propre le distinguent des
quartiers voisins.
Ce
développement urbanistique, construit entre 1958 à 1961, est le fruit du
travail d'un trio mené par le célèbre architecte Mies van der Rohe (épaulé par l'urbaniste Ludwig Hilberseimer et le paysagiste Alfred Caldwell) qui mit ici en oeuvre, à grande échelle et budget limité, les
principes de son architecture d'habitat moderniste (ouverture et vue, luminosité
naturelle, simplicité, ...) déjà expérimentés précédemment sur des projets de
taille réduite (dont la maison Farnsworth).
Conçu à
l'origine pour les classes moyennes, le quartier est aujourd'hui prisé par une
population mixte plutôt aisée, attirée par ses qualités propres et sa
localisation en lisière de Down Town. Peu d'habitants semblent accorder de
l'importance à l'identité de l'architecte des lieux, signe de la réussite de
son entreprise.
NB: A propos de la vie actuelle dans Lafayette Park, lisez l'intéressant dossier "Living With Mies" du New York Times. Et sachez que les 3 tours font l'objet d'une procédure de vente forcée (foreclosure).
CENDRES & ESPOIR
En traversant l'impressionnant pont Ambassadeur qui relie
Windsor (Canada) à Detroit (USA), on se demande quelle ville on va découvrir. La
lecture de quelques articles de presse (dans Le Morgen, le Monde et le blog
"Detroit Je t'aime" -lire notamment: "Nous sommes tous de Détroit") ont aiguisé ma curiosité. Sur la gauche
apparaissent quelques grosses installations industrielles, sur la droite la
skyline de Down Town. L'autoroute 94, prise en direction du Nord-Est, ne laisse
pas deviner la ville. Nous refaisons, avec notre hôte Julie - rencontrée via la
plateforme AIRBNB (heureuse rencontre)- le chemin inverse, par l'intérieur de
la ville et c'est alors que celle-ci se dévoile, me faisant penser à une ville
touchée par une guerre ou un tremblement de terre, un peu comme le centre de
Managua durant les années '80. Une ville sans densité, quelque peu désertique,
où le vert sauvage a pris le dessus sur les quartiers. On devine les
alignements anciens; quelques maisons de bois éparses sont occupées; d'autres
s'écroulent, incendiées ou non. L'essentiel a été rasé. Cette configuration
s'étend sur l'ensemble de la ville, laissant parcimonieusement place à quelques
espaces de concentration d'activités et de vie: Hamtramck, Indian Village, Lafayette Park, le quartier mexicain, Down Town.
Speramus Meliora Resurget Cineribus: la devise de Détroit
a été choisie à la fin du 19ième siècle, au lendemain d'un incendie ravageur.
Aujourd'hui à nouveau, elle la caractérise: les cendres et l'espoir! Motortown
n'est plus que l'ombre d'elle-même. Les gratte-ciels du centre historique
rappellent la prospérité passée; les usines à l'abandon -Packard Plant est
remarquable- et surtout, la succession interminable de terrains vagues
anciennement bâtis témoignent du déclin présent, encore accentué par la crise
des sub-primes. L'espoir, on le trouvera surtout dans les récits entendus et
quelques signaux aperçus. Comme il ne reste plus grand chose, beaucoup est à
faire et tout semble possible. De
nouvelles activités surgissent (atelier/magasin de reconstitution de
vélo, les fameuses fermes urbaines, ...), reposant sur le recyclage, les
économies et la créativité, préfigurant ce qui pourrait être un développement
plus durable que celui de l'Amérique de la consommation et de la production
effrénées. De jeunes diplômés des grandes villes de la Côte Est viennent s'installer ici, attirés
par l'accessibilité de l'immobilier et l'environnement créatif. Le mouvement, même
s'il est marginal et paraît peu impliquer la communauté Afro-Américaine, est
amorcé.
C'est une ville touchante que nous avons découverte, que
nous suivrons et tenterons de faire découvrir à notre tour (ML).
SHOW
Au Québec, le rire est, aussi, une industrie: pléthore
d'humoristes professionnels, puissantes sociétés de management, nombreuses
émissions télé, féstivals du rire, etc. Le dynamisme du secteur tiendrait d'une
affirmation renouvellée de l'identité culturelle québécoise. Présents à
Montréal lors de son Festival annuel du Rire, nous avons assisté à la Parade urbaine
"Terra Karnaval", présentée comme l'une de ses manifestations. Si le lien avec
le rire n'était pas direct, certaines présentations
étaient belles, voire spectacualires. Le défilé nous a toutefois paru peu
spontané, trop encadré. Un show visuel davantage qu'une fête (ML).
ISRAEL RIVER CAMPGROUND
Il y a, aux
Etats-Unis, de nombreux parcs naturels, fédéraux ou d'Etat. Certains, bien
connus (Yosemite, ...) sont énormes, d'autres vraiment petits. Presque
toujours, ils sont dotés de "Campground", espaces pour campements à
prix peu élévé, lieux naturels, bien entretenus, propres et calmes. Les lots sont espacés et
systématiquement doté d'un banc-table et d'un dispositif spécifique pour faire
un feu. L'amour romancé de la nature accompagné d'un certain confort. Pour
nous, une formule agréable, privilégiée sur les campings classiques trop
encombrés d'engins de tous ordres: énormes RV, voitures toutes, bateaux à moteurs, jet ski, cady
de golf...). Un camping est toutefois sorti du lot, trouvé à l'intuition dans
les White Mountains: Israel River Campground. 12 Dollars la nuit, un
emplacement au bord de la Israel River, une environnement spectaculaire (les
Monts présidentiels surplombant une large vallée). Et, plaisir supplémentaire:
des habitants et une patrone chaleureux, des américains modestes habitant le
Nord du New Hampshire, heureux de pratiquer avec nous leur parler français
hérité de parents québécois.
mercredi 18 juillet 2012
MARGUERITE YOURCENAR
Petite Plaisance … un nom qui sonne doux, chaleureux, avec des accents des mers du Sud… Pourtant c’est au bord d’une eau glacée, sur une île appelée Monts Désert, le plus souvent isolée par l’austérité de son climat, que se trouve la demeure. Nous sommes dans le Maine, près de la frontière Canadienne. Marguerite Yourcenar y a vécu de 1950 jusqu’à sa mort, en 1984. Une habitation modeste, entourée d’un grand jardin, dans un quartier très cossu. Un endroit choisi, avec sa compagne, une maison occupée l’année entière, un lieu de paix, de tranquillité ; et surtout de travail et de souvenir amoncelés.
Yvon Bernier, usufruitier de la maison et de l’œuvre, nous y a accueillis. Une visite imprévue, un hôte chaleureux. Québécois, professeur à la retraite, Yvon Bernier a secondé Marguerite Yourcenar dans l'édition de ses œuvres à La Pléiade. L’homme est dévoué à l’auteure et à son œuvre. Il raconte les deux avec tendresse et érudition… Quelle heureuse chance nous avons eue… ! Marguerite Yourcenar repose dans le cimetière de Brookside, paisible et émouvant.
Pour une visite des lieux http://www.franceculture.fr/emission-carnet-nomade-un-jour-a-petite-plaisance-chez-marguerite-yourcenar-2012-05-19
(BP)
(BP)
BRETTON WOODS
Plymouth, Stockholm, Bristol, Reading, Hanovre,
Calais, Berlin, Manchester, Montpélier, Cambridge, ... les pays de la Nouvelle
Angleterre fleurissent de noms de lieux qui nous sont familiers, exprimant une
filiation historique évidente ou supposée. Parfois, un même nom définit deux
points géographiques éloignés de
quelques pouces dans notre Atlas routier. Mais hier, sur notre chemin traversant les collines boisées du Maine et
du New Hampshire, un nom s'est détaché qui résonne encore dans nos mémoires
d'étudiants: Bretton Woods ! Une pensée amusante m'a traversée: "voilà un
vrai nom", comme si les autres ne l'étaient pas. Simplement, ce nom existe
par lui-même, s'étant issé sur la scène mondiale en 1944. Le contraste entre son poids historique et la façon
dont on découvre le lieu est saisissant. Bretton Woods n'apparaît pas sur nos
cartes et notre Lonely Planet l'évoque à peine. Une fois repéré, on s'attend à
trouver une petite ville, à tout le moins un village (Potsdam, Genève, Kyoto, Rio, ... n'apparaissent-ils
pas comme de gros points noirs sur la carte du Monde? ). Pas de ville, pas de
village, mais une route qui se déroule paresseusement dans le fond d'une large
vallée des White Mountains et qui, soudainement, sans préavis, ouvre sur le
spectacle majestueux du célèbre hôtel planté au pied du Mont Washington. Dramatic scenery !(ML)
vendredi 13 juillet 2012
COMING OUT
"Les
homosexuels peuvent eux-aussi être sauvés par le Christ. Ils seront à mes côtés
au Paradis....". Ces confessions
d'Alan Chambers rapportées par le New York Times ont surpris, émanant du président
d'Exodus International, association d'églises apparentée au mouvement ex-gay,
créée en 1976 pour aider les homosexuels à retrouver le chemin de
l'hétérosexualité et doté d'un budget annuel de 1,5 millions de dollars. Se référant plus loin à ce qu'on
appelle ici la "thérapie de la conversion", considérée par certains membres comme
la clef de voûte de l'association, le responsable religieux , lui-même ex-gay
et aujourd'hui "époux heureux", ajoutait: "On a demandé à ces croyants une transformation personnelle
qu'on n'a demandé à aucun autre groupe. C'est un combat d'une vie entière que
certains ne peuvent pas gagner. Faut-il pour autant les condamner?" N'acceptant
pas cette tolérance, sept leaders conservateurs de l'association ont claqué la
porte.
Sur la
question de l'homosexualité aux Etats-Unis, les lignes bougent. Le New York
Times relate également le débat et la décision prise par la Convention de
l'Eglise presbytérienne, rassemblée dernièrement à Pittsburg, de ne pas modifier
la définition du mariage. Un amendement visait à remplacer les termes
"homme et femme" par "deux personnes". De plus en plus de
couples gays rejoignent les églises
et certains états reconnaissent le mariage entre personne d'un même sexe.
L'amendement "gay friendly", rejeté de justesse par l'assemblée (338 contre, 308 pour), était soutenu massivement
par le Conseil consultatif des jeunes
presbytériens. Le journal new yorkais y voit l'expression d'une rupture
générationnelle.
Pour notre
part, nous avons observé le spectacle haut en couleurs d'une fin de semaine de festivités Gay Pride
dans West Village lors de notre arrivée à New York et nous nous sommes
dit que pour les couples présents, le coming out semblait être de la vieille
histoire. (ML)
jeudi 12 juillet 2012
GOD BLESS THE MAINE
Entre New York et Boston, la forêt est
dense et continue; les arbres ne sont pas très hauts mais, du fait d'un relief
relativement plat, ils empêchent toute perspective recherchée par notre regard
curieux. Les routes longent la côte mais l'Océan ne se dévoile pas. Il faut
prendre la perdendiculaire pour déboucher sur l'eau bien présente, au hasard
d'un chemin dont on tente de deviner le statut, de préference public. La
skyline de Boston, elle aussi, a du mal à apparaître lorqu'on approche la ville
par l'Ouest. La monotonie du paysage et notre lassitude stimulent notre
attention au moment où nous devons définitir un nouvel itinéraie vers Mount
Desert, la presqu'île protégée (Acadia National Park - Sud Est du Maine) où
vécut Marguerite Yourcenar. Le choix de la "Scenic Drive" (US Route
1) entre Bath et Ellsworth s'impose donc et nous ne décevra pas. La route ici
surplombe (parfois) la mer. Les villages traversés sont voués à la sylviculture,
la pêche et l'agriculture. Plus loin, les Monts au Nord de Camden nous offrent
un premiere véritable point de vue, large et ouvert, sur l'Océan, cette même
perspective dont nous jouirons sur
les roches granitiques des côtes de Mont Desert. Pour nous, ce sont ces
lieux isolés de rencontre entre le
bleu infini et la terre sauvage qui auront rendu vivant le souvenir des
évenements fondateurs des
Etats-Unis d'Amérique. (ML)
EXCURSIONS
Aux Etats-Unis,
tourisme, histoire et attractions se conjuguent aisément. Tout est sujet à divertissement. A défaut d’éléments authentiques, des
reproductions ou des pièces commémorant l’événement et / ou l’illustrant
librement marquent les lieux. C’est le cas à Salem et à Plymouth.
A 60 miles au
Sud de Boston, Plymouth se définit
elle-même comme étant l’America’s
Home Town. La ville est célèbre en raison de l’accostage du Mayflower et
surtout de l’installation de l’une des premières colonies anglaises aux
Etats-Unis. Le trois-mâts venait de Plymouth. A son bord, 102 passagers et
membres d’équipage, des animaux et de la nourriture, des éléments de base pour
s’installer. Appelés Pilgrim Fathers, ces immigrants puritains venaient chercher une terre vierge, où pratiquer
en toute liberté leur religion, sans contrôle du gouvernement ni contrainte. Ils pensaient atteindre les côtes
clémentes de la Virginie, où ils avaient acquis des terres. Mais en hiver 1620,
ils ont accosté sur la côte Est, rude et déjà occupée par les Indiens Wampanoag, après 66 jours de traversée.
Une réplique du Mayflower mouille sur la jetée et se visite. De nombreux
touristes américains viennent « là où tout a commencé »… Les Pèlerins
ont en effet forcé le respect par leur
volonté, leur capacité à s’implanter et à prospérer sur cette terre a
priori inhospitalière. «Combat, sacrifice, triomphe» trois éléments qui les
caractérisent dans la mémoire collective et qui sont mis en scène à
« Plimoth Plantation », la reconstitution du village de 1627. Des
acteurs en costume d’époque évoluent dans un décor recomposé, reproduisant les
gestes du quotidien. Les Indiens ont eu aussi leur village…
Des membres
issus de la même communauté puritaine ont créé le village de Salem, à une quinzaine
de miles au Nord de Boston. L’épisode de la chasse aux sorcières de 1692 y
est tristement célèbre. A la suite
de comportements déplacés de jeunes filles, une esclave est soupçonnée de pacte avec le
diable ; celle-ci va impliquer d’autres personnes pour tenter de se
sauver… Au total, plus de 150 seront accusées de sorcellerie. Parmi elles, une vingtaine
seront exécutées et les autres finalement libérées, après des mois d’hystérie
collective. L’industrie touristique joue à fond la carte de la présence des
esprits, démons et autres ensorceleurs; comme une sorte d’Halloween perpétuel. Ce qui glace bien
davantage, c’est le souvenir de l’obscurantisme. Et son ombre toujours présente. En 1953, Arthur Mille
utilisait « Les Sorcières de Salem» pour dénoncer le maccarthysme.
Note : ce
que l’on sait peu, c’est que la ville de Salem fut surtout un port très
prospère. Le Peabody Essex Museum, du nom d’une famille d’armateurs du 18e
s. vaut une visite. Il rassemble, dans un bâtiment moderne et lumineux, les très nombreux
souvenirs et œuvres d’art ramenés de voyages en Asie. (BP)
CAMBRIDGE
Dès leur
établissement en Nouvelle Angleterre, les Pèlerins ont copié les modèles de
l’Ancien Monde. Cambridge, célèbre ville universitaire anglaise a inspiré la
non moins prestigieuse cité universitaire de Cambridge, Etats-Unis. En
traversant la Charles River, on pénètre dans ce quartier Nord de Boston qui
héberge Harvard University et le fameux Massachusetts Institute of Technology
(MIT).
En 1636, 16 ans
après l’arrivée des premiers Pèlerins, 9 étudiants reçoivent des cours
académiques classiques dans cette université qui sera baptisée Harvard Collège
(en l’honneur du legs du pasteur John
Harvard, premier « maître » à y donner cours), sur le site de Cambridge.
Aujourd’hui, elle accueille plus de 20.000 étudiants, a une réputation
d’excellence et rivalise avec son homonyme. Il ne suffit pas d’être brillant
pour y être accepté, les qualités sportives et d’autres aptitudes sont prises
en considération. Comme un tempérament volontaire et un caractère de leader. Cette cité du savoir et de la culture a par exemple formé
plusieurs présidents des Etats-Unis, dont Barack Obama, et, avec le MIT, a
produit de nombreux prix Nobels.
L’ambiance est
telle qu’on l’imagine aux abords d’un campus : une population jeune, de
nombreux bars et restaurants, des petites boutiques, beaucoup de va-et-vient…
La partie la plus ancienne de Harvard se situe autour du Old Yard, dans une
enceinte de briques percée de portes. S’y succèdent des bâtiments plus ou moins
imposants de briques rouges et de pierres: dortoirs, chapelles, bibliothèques, musées …. A noter : un bâtiment de Le
Corbusier (le seul érigé par l’architecte en Amérique du Nord) est intégré au Harvard
Museum, il est fermé tout comme celui-ci pour rénovation, assurée par Renzo
Piano. L’atmosphère autour du
yard est paisible, studieuse sans
être austère. L’importance de la vie en communauté se ressent. D’autres
collèges et universités sont disséminés dans Cambridge et dans différents quartiers
de Boston ; lorsqu’on visite la ville, on tombe forcément sur un mini
campus. C’est impressionnant.
Le long de
Massachusetts Avenue, près de la
Charles River, s’étend le MIT. Un campus moderne, un dédale à première vue,
guère facilité par la dénomination des bâtiments, désigné par un numéro plutôt
que par leur nom ou leur fonction. Autour de ce campus se sont implantées des
firmes pharmaceutiques (Novartis construit un imposant nouveau bâtiment), des entreprises du secteur des
biotechnologies et de l’informatique… Ici, c’est l’activité économique qui
semble donner le ton.
L’Institut a
d’ailleurs été fondé en en 1861 pour donner une finalité pratique aux études. Considéré
à la pointe et réputé dans le domaine de la recherche appliquée et se compose
de cinq écoles (ingénierie, sciences pures, sciences humaines et sociales,
management, architecture et urbanisme). Le site du MIT est constitué de
bâtiments interconnectés, dont le plan a été réalisé en 1916 par l’architecte Welles Bosworth. Il se
visite aussi pour son architecture, loin des accents british de Harvard, mais signée
par quelques grands noms du 20e s. : Eero Saarinen, Alvar
Aalto, Eduardo Catalano, Pei (gradué du MIT School of Architecture en 1940). Le
bâtiment le plus récent est l’étrange Stata Center érigé par Franck Gehry en
2004. Une impression d’instabilité lorsqu’on observe le bâtiment, à l’intérieur, des espaces très
agréables…. A voir aussi, des sculptures d’Alexandre Calder, Henry Moore, Michaël Heizer…
Boston, ville
culturelle et intellectuelle, doit beaucoup à ses universités. Comme sa
réputation de ville progressiste et libérale au sens américain. A la pointe des
combats menés pour les droits et les libertés. Cambridge est d’ailleurs appelée
« The People’s Republic ». Le temps de l’intolérance et de la philosophie puritaine des
premiers colons est bien loin. Ici. (BP)
dimanche 8 juillet 2012
CHANGE THE DREAM AND YOU CHANGE THE CITY
Un des intérêts d'institutions culturelles
comme le MoMA est d'indiquer les tendances, de montrer l'avant garde. Philip
Jonhson (dont nous avons visité le très beau Glass House - voyez le billet y
consacré) avait ainsi, en tant que directeur-fondateur du Département
de l'Architecture au MoMA, fait
découvrir à ses concitoyens le mouvement moderniste en 1932 ("First international
Exhibition of Modern Architecture").
Le logement lumineux, spacieux et aéré ("The House of the Future") devait
se substituer aux taudis et baraquements urbains. Depuis, Philippe Jonhson a
suivi son chemin, devenant lui-même architecte, concepteur de nombreux ouvrages
post-modernes. Ses tours ont investi les centre-villes (à New York, Boston,
Houston, etc.) et les banlieues américaines se sont étendues,
recouvertes de pelouses et de maisons quatre façades. Durant des années, et aujourd'hui encore,
accéder au statut d'américain passe(ait) par cette maison typique et tout ce
qu'elle implique(ait) comme mode de vie et imaginaire. La crise des subprimes a
toutefois sérieusement ébranlé le dispositif. Les ravages sont criants et
visibles partout. Le MoMA, 80 ans après l'exposition sur le
Modernisme, marque à nouveau une étape avec "FORCLOSED: REHOUSE THE
AMERICAN DREAM". La crise des subprimes est l'occasion de repenser
fondamentalement la question de l'habitat: "Change the dream and you
change the City" est le postulat de
Reinhold Martin, professeur à Columbia University et directeur du projet (The Buell Hypothesis)
exposé jusqu'au 13 août dans le Musée new yorkais. Les projets de quartiers nouveaux étudiés pour l'occasion montrent l'orientation que devrait prendre la nouvelle ville: compacte,
verte, animée, diversifiée, écologique, etc. Rien de très étonnant, pour les européens avertis que nous sommes :-),
mais sans doute un vrai tournant de ce côté-ci de l'Atlantique, tournant
stimulé par la Présidence fédérale (voyez notamment l'intervention du Secrétaire au Logement, Shaun Donavan).
A noter que l'Université de Columbia, précisément, a obtenu le label LEED Platinum pour son projet
d'aménagement d'un nouveau campus à Manhattanville. En l'occurence, c'est
l'ensemble de l'approche urbaine qui est primée, pas uniquement tel ou tel
volet de technologie environementale, ce qui me paraît aussi une évolution
intéressante.
BOSTON CLASSICS
Deux tracés vont
servir de fil conducteur à cette première découverte de Boston. L’un
matérialisé par une ligne rouge au sol, l’autre part une sorte de coulée verte,
en lieu et place d’une autoroute.
La coulée verte. Après une longue
marche qui se termine sur les docks, le retour en bateau taxi permet un bel aperçu de la skyline
bostonienne ; il nous dépose sur la rive est, à proximité de
l’aquarium. Nous prenons alors la
promenade « verte ». Des
pelouses, des fontaines et des espaces arborés ont remplacé la « central
artery », l’autoroute à six voies
séparant le centre-ville de la rive. Congestionnée, bruyante, réputée dangereuse, cette
autoroute surélevée gâchait autant le paysage que la vie des Bostoniens de ce quartier. Le projet
d’enterrer l’autoroute dans un tunnel souterrain a mis du temps avant de voir
le jour et d’être entièrement terminé:
conçu dans les années 1970,
planifié en 82 et débuté en 91, le
« Big Dig » n’a été entièrement terminé qu’en fin 2007, du fait des délais entraînés
par les surcout set de nombreuses
« mal façons ». Il est difficile d’imaginer, aujourd’hui, qu’une
autoroute passait à cet endroit ! L’affreuse balafre qui zébrait Boston
Est est devenue un espace public aéré et arboré, un poumon vert dans la
ville. (BP)
GLASS HOUSE
Rendez-vous dans le centre de New Canaan - petite ville aux allures de Lasnes-, dans l’état du Connecticut, à 1h30 de l’aéroport de
JFK –New York. Un bus nous conduit
du centre d’accueil à la propriété de Philip Johnson. Nombre de visiteurs limité, consignes strictes mais guide
charmante et compétente. Le
terrain de XX s’ouvre en contrebas de la route. Disséminées sur l’espace en
surplomb, quelques œuvres posées dans le parc (Donald Judd, Julian
Schnabel), des bâtiments plus ou moins discrets (dont une galerie de peinture
enterrée) et au centre : la glass house. Ce rectangle de verre, aux allures modernes et radicales
lors de sa construction en 1949, est toujours aussi actuel. On y ressent de la
quiétude ; s’y exprime élégance et justesse. Cette « maison » d’une seule
pièce, disposant d’une cuisine et d’une salle de bain quasi invisibles, est
entièrement ouverte sur la nature
et l’environnement. Celui-ci fait partie de l’espace
intérieur. Philip Johnson est mort
en 2005 dans sa Glass house, à l’âge de 99 ans. Le lieu est ouvert au public
depuis 2007. (BP)
HAPPY 4th OF JULY
Des
pelouses rasées de près, des drapeaux
au garde à vous, d’énormes rhododendrons
bleus en bordure de propriété, un ciel sans voile…. Le décor à la Ralph
Lauren est prêt pour la fête nationale. Mais ce n’est pas dans les rues, ni
dans les jardins que cela se passe.
Pour savoir où se rendre, il suffit de suivre la marée de voitures et de
piétons convergeant vers une prairie – parking (à 25 $ le stationnement). En
face : la plage et l’océan… et aussi l’odeur de maïs grillé et de
barbecue, une population bigarrée (nombreux hispanophones), une scène où joue
un groupe local… A 21h pile, alors que la nuit n’est pas noire, le ciel de fin
de jour s’embrase d’un feu d’artifice lancé d’un bateau et qui va durer 40 min.
Après le départ donné par Norwalk, c’est toute la côte qui va s’illuminer au
fur et à mesure, chaque cité
offrant son propre spectacle à ses habitants. La richesse d’une ville se constate aussi dans sa capacité à offrir le feu
d’artifice le plus inventif, c’est Bridgeport qui gagne haut la main ! (BP)
EN ROUTE
Après 9 journées
passées dans la trépidante New York, nous prenons la route vers le Nord-Est. Cap
sur Boston, à quelques 300 km. Nous reviendrons plus tard sur New York; voyez
déjà quelques photos dans la rubrique "PICTURES". La conduite sur les routes et les autoroutes aux USA est simple, calme et
fluide. Seulement, il s'agit de s'habituer aux panneaux et leur logique, aux
habitutdes de conduite parfois surprenante (un chauffeur qui quitte sans
annonce et sans vitesse la bande d'arrêt d'urgence, ...). Nous calquons notre conduite sur les
locaux: rouler lentement, céder le passage, passer au rouge pour tourner à
droite... Faire comme toute le monde est la garantie de bien faire, non ?Il faut dire
qu'à part la traversée de quelques villes, le paysage entre New York et Boston n'offre que peu de
distraction. No dramatic view. Forêt dense s'allongeant sur des miles, de part
et d'autre de la route. L'Océan
est proche mais ne se montre pas. (ML)
dimanche 17 juin 2012
PRELUDE
Ce dimanche 24 juin, nous partons pour quelques semaines aux Etats-Unis. Une dizaine de jours à New York, puis, en route vers Boston et la Nouvelle Angleterre, Montréal, Detroit, Chicago et le centre. Comme en 2008, nous posterons régulièrement des billets pour relater nos impressions et nos découvertes... et serons contents de recueillir vos avis.
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