jeudi 9 août 2012

WINDY CITY


La dernière étape urbaine de notre séjour nord-américain sera donc Chicago, à environ 4 heures de route de Detroit. Avec ses 3 millions d'habitants, Chicago (dans l'Etat d'Illinois, sur le Lac Michigan) est la principale ville du Midwest et semble en avoir pompé les richesses (place  financière mondiale des matières premières). La prospérité économique apparaît au premier coup oeil. Le centre historique (Loop) comporte bien entendu un bel échantillon de gratte-ciels historiques de type Beaux Arts, mais les récentes tours et les nouveaux espaces publics, soignés, propres et brillants, lui confèrent une allure qui la rapproche davantage des nouvelles villes asiatiques que de New York.  Autre élément qui frappe: le contrôle policier: patrouilles, caméras  de rue et bornes installées à chaque coin de rue. La réputation de ville du crime est définitivement effacée si l'on en croit les chiffres publics de la criminalité. Voilà donc un environnement propice au tourisme classique (le secteur contribue au développement de la ville)  et à la découverte des trésors culturels anciens (les maisons prairie dans Oak Park) et nouveaux (Anish Kapoor, ...).


lundi 30 juillet 2012

URBAN FARMER


Les potagers urbains sont à la mode. Dans ce pays du "jardin-pelouse", c'est une petite révoluton culturelle. Mais ce qu'on appelle aussi parfois "fermes urbaines" recouvre une multiplicité de contenus aux finalités diverses. A New York, faute d'espace au sol, certaines toitures sont désormais exploitées comme "champs" pour fournir aux habitants locaux -plutôt fortunés et attentifs à la qualité de leur nourriture- des légumes frais et indigènes. Des supermarchés concluent des accords d'exploitation de leur toiture avec des entreprises agricoles spécialisées; des ouvriers agricoles sont engagés. 

A Detroit, la logique est toute autre. La terre est largement disponible dans le périmètre même de la cité et la demande ne porte pas tant sur les fruits que sur l'activité elle-même; les acteurs sont les habitants. Les jardins potagers se multiplient ici comme autant de reconquète d'espaces laissés pour compte; le jardinage devient une dynamique collective d'appropriation de lieux perdus. C'est cette dimension sociale qui est souvent mise en avant par les "fermiers" locaux.

Parmi les pionniers de l'urban farming à Detroit figure Paul Weertz - le compagnon de notre hôte Julie. Professeur de sciences dans une école pour jeunes mères célibataires, ce sont des objectifs pédagogiques qui l'ont amené à fonder une ferme au sein même de son instution scolaire. "Mes inspecteurs m'obligeaient à faire des dissections en classe, opérations peu appréciées de mes étudiantes. Alors, j'ai commencé la ferme: potager, verger, ruches, élevage de petit bétail et de volaille. Les filles apprenaient la biologie et la chimie en travaillant la terre et en observant le comportement des animaux". Retraité depuis peu, Paul poursuit son activité agricole sur un grand lopin de terre à l'arrière de la rue dont il a acquis quelques maisons pour une peau de chagrin. Avec son tracteur Ford de 1964, Paul fait aussi des ballots de foin dans les prairies de Detroit. Et tous les samedis matins, il rejoint ses copains activistes au Farmers Restaurant proche du Eastern Farmer Market, le populaire marché fermier.  


MIES VAN DER ROHE


Au centre de cette ville -Detroit- marquée par le déclin industriel se trouve le "moderne" Lafayette Park, curieux îlot radicalement différent. Lafayette Park comporte trois tours de logements et 186 maisons mitoyennes (un ou deux niveaux) réunies par blocs et reliés par un harmonieux continuum végétal. Une école primaire et un centre commercial s'ajoutent aux logements. L'architecture des constructions, combinaison de verre et d'acier, confère à l'ensemble une identité propre et une unité forte, soulignées par un travail paysager peu commun. Aussi, ses aspects soigné, entretenu et propre le distinguent des quartiers voisins.

Ce développement urbanistique, construit entre 1958 à 1961, est le fruit du travail d'un trio mené par le célèbre architecte Mies van der Rohe (épaulé par  l'urbaniste Ludwig Hilberseimer et le paysagiste Alfred Caldwell) qui mit ici en oeuvre, à grande échelle et budget limité, les principes de son architecture d'habitat moderniste (ouverture et vue, luminosité naturelle, simplicité, ...) déjà expérimentés précédemment sur des projets de taille réduite (dont la maison Farnsworth).

Conçu à l'origine pour les classes moyennes, le quartier est aujourd'hui prisé par une population mixte plutôt aisée, attirée par ses qualités propres et sa localisation en lisière de Down Town. Peu d'habitants semblent accorder de l'importance à l'identité de l'architecte des lieux, signe de la réussite de son entreprise. 

NB: A propos de la vie actuelle dans Lafayette Park, lisez l'intéressant dossier "Living With Mies" du New York Times. Et sachez que les 3 tours font l'objet d'une procédure de vente forcée (foreclosure). 



CENDRES & ESPOIR

En traversant l'impressionnant pont Ambassadeur qui relie Windsor (Canada) à Detroit (USA), on se demande quelle ville on va découvrir. La lecture de quelques articles de presse (dans Le Morgen, le Monde et le blog "Detroit Je t'aime" -lire notamment: "Nous sommes tous de Détroit") ont aiguisé ma curiosité. Sur la gauche apparaissent quelques grosses installations industrielles, sur la droite la skyline de Down Town. L'autoroute 94, prise en direction du Nord-Est, ne laisse pas deviner la ville. Nous refaisons, avec notre hôte Julie - rencontrée via la plateforme AIRBNB (heureuse rencontre)- le chemin inverse, par l'intérieur de la ville et c'est alors que celle-ci se dévoile, me faisant penser à une ville touchée par une guerre ou un tremblement de terre, un peu comme le centre de Managua durant les années '80. Une ville sans densité, quelque peu désertique, où le vert sauvage a pris le dessus sur les quartiers. On devine les alignements anciens; quelques maisons de bois éparses sont occupées; d'autres s'écroulent, incendiées ou non. L'essentiel a été rasé. Cette configuration s'étend sur l'ensemble de la ville, laissant parcimonieusement place à quelques espaces de concentration d'activités et de vie: Hamtramck, Indian Village, Lafayette Park, le quartier mexicain, Down Town.

Speramus Meliora Resurget Cineribus: la devise de Détroit a été choisie à la fin du 19ième siècle, au lendemain d'un incendie ravageur. Aujourd'hui à nouveau, elle la caractérise: les cendres et l'espoir! Motortown n'est plus que l'ombre d'elle-même. Les gratte-ciels du centre historique rappellent la prospérité passée; les usines à l'abandon -Packard Plant est remarquable- et surtout, la succession interminable de terrains vagues anciennement bâtis témoignent du déclin présent, encore accentué par la crise des sub-primes. L'espoir, on le trouvera surtout dans les récits entendus et quelques signaux aperçus. Comme il ne reste plus grand chose, beaucoup est à faire et tout semble possible. De  nouvelles activités surgissent (atelier/magasin de reconstitution de vélo, les fameuses fermes urbaines, ...), reposant sur le recyclage, les économies et la créativité, préfigurant ce qui pourrait être un développement plus durable que celui de l'Amérique de la consommation et de la production effrénées. De jeunes diplômés des grandes villes de la Côte Est viennent s'installer ici, attirés par l'accessibilité de l'immobilier et l'environnement créatif. Le mouvement, même s'il est marginal et paraît peu impliquer la communauté Afro-Américaine, est amorcé.

C'est une ville touchante que nous avons découverte, que nous suivrons et tenterons de faire découvrir à notre tour (ML).



SHOW


Au Québec, le rire est, aussi, une industrie: pléthore d'humoristes professionnels, puissantes sociétés de management, nombreuses émissions télé, féstivals du rire, etc. Le dynamisme du secteur tiendrait d'une affirmation renouvellée de l'identité culturelle québécoise. Présents à Montréal lors de son Festival annuel du Rire, nous avons assisté à la Parade urbaine "Terra Karnaval", présentée comme l'une de ses manifestations. Si le lien avec le rire n'était pas direct, certaines présentations étaient belles, voire spectacualires. Le défilé nous a toutefois paru peu spontané, trop encadré. Un show visuel davantage qu'une fête (ML).















ISRAEL RIVER CAMPGROUND


Il y a, aux Etats-Unis, de nombreux parcs naturels, fédéraux ou d'Etat. Certains, bien connus (Yosemite, ...) sont énormes, d'autres vraiment petits. Presque toujours, ils sont dotés de "Campground", espaces pour campements à prix peu élévé, lieux naturels, bien entretenus, propres et calmes.  Les lots sont espacés et systématiquement doté d'un banc-table et d'un dispositif spécifique pour faire un feu. L'amour romancé de la nature accompagné d'un certain confort. Pour nous, une formule agréable, privilégiée sur les campings classiques trop encombrés d'engins de tous ordres: énormes RV, voitures toutes, bateaux à moteurs, jet ski, cady de golf...). Un camping est toutefois sorti du lot, trouvé à l'intuition dans les White Mountains: Israel River Campground. 12 Dollars la nuit, un emplacement au bord de la Israel River, une environnement spectaculaire (les Monts présidentiels surplombant une large vallée). Et, plaisir supplémentaire: des habitants et une patrone chaleureux, des américains modestes habitant le Nord du New Hampshire, heureux de pratiquer avec nous leur parler français hérité de parents québécois. 


mercredi 18 juillet 2012

MARGUERITE YOURCENAR


Petite Plaisance …   un nom qui sonne doux, chaleureux, avec des  accents des mers du Sud… Pourtant c’est au bord d’une eau glacée, sur une île appelée Monts  Désert, le plus souvent isolée par l’austérité de son climat, que se trouve la demeure. Nous sommes dans le Maine, près de la frontière Canadienne. Marguerite Yourcenar y a vécu de 1950 jusqu’à sa mort, en 1984. Une habitation modeste, entourée d’un grand jardin, dans un quartier très cossu. Un endroit choisi, avec sa compagne,  une maison occupée l’année entière, un lieu de paix, de tranquillité ; et surtout  de travail et de souvenir amoncelés.
Yvon Bernier, usufruitier de la maison et de l’œuvre, nous y a accueillis. Une visite imprévue, un hôte chaleureux. Québécois, professeur à la retraite, Yvon Bernier a secondé Marguerite Yourcenar dans l'édition de ses œuvres à La Pléiade. L’homme est dévoué à l’auteure et à son œuvre. Il raconte les deux avec tendresse et érudition… Quelle heureuse chance nous avons eue… ! Marguerite Yourcenar repose dans le cimetière de Brookside, paisible et émouvant.



BRETTON WOODS


Plymouth, Stockholm, Bristol, Reading, Hanovre, Calais, Berlin, Manchester, Montpélier, Cambridge, ... les pays de la Nouvelle Angleterre fleurissent de noms de lieux qui nous sont familiers, exprimant une filiation historique évidente ou supposée. Parfois, un même nom définit deux points géographiques  éloignés de quelques pouces dans notre Atlas routier. Mais hier,  sur notre chemin traversant les collines boisées du Maine et du New Hampshire, un nom s'est détaché qui résonne encore dans nos mémoires d'étudiants: Bretton Woods ! Une pensée amusante m'a traversée: "voilà un vrai nom", comme si les autres ne l'étaient pas. Simplement, ce nom existe par lui-même, s'étant issé sur la scène mondiale en  1944. Le contraste entre son poids historique et la façon dont on découvre le lieu est saisissant. Bretton Woods n'apparaît pas sur nos cartes et notre Lonely Planet l'évoque à peine. Une fois repéré, on s'attend à trouver une petite ville, à tout le moins un  village (Potsdam, Genève, Kyoto, Rio, ... n'apparaissent-ils pas comme de gros points noirs sur la carte du Monde? ). Pas de ville, pas de village, mais une route qui se déroule paresseusement dans le fond d'une large vallée des White Mountains et qui, soudainement, sans préavis, ouvre sur le spectacle majestueux du célèbre hôtel planté au pied du Mont Washington.  Dramatic scenery !(ML)

vendredi 13 juillet 2012

COMING OUT


"Les homosexuels peuvent eux-aussi être sauvés par le Christ. Ils seront à mes côtés au Paradis....".  Ces confessions d'Alan Chambers rapportées par le New York Times ont surpris, émanant du président d'Exodus International, association d'églises apparentée au mouvement ex-gay, créée en 1976 pour aider les homosexuels à retrouver le chemin de l'hétérosexualité et doté d'un budget annuel de 1,5 millions de dollars.  Se référant plus loin à ce qu'on appelle ici la "thérapie de la conversion", considérée par certains membres comme la clef de voûte de l'association, le responsable religieux , lui-même ex-gay et aujourd'hui "époux heureux", ajoutait: "On a demandé à ces croyants une transformation personnelle qu'on n'a demandé à aucun autre groupe. C'est un combat d'une vie entière que certains ne peuvent pas gagner. Faut-il pour autant les condamner?" N'acceptant pas cette tolérance, sept leaders conservateurs de l'association ont claqué la porte.

Sur la question de l'homosexualité aux Etats-Unis, les lignes bougent. Le New York Times relate également le débat et la décision prise par la Convention de l'Eglise presbytérienne, rassemblée dernièrement à Pittsburg, de ne pas modifier la définition du mariage. Un amendement visait à remplacer les termes "homme et femme" par "deux personnes". De plus en plus de couples gays  rejoignent les églises et certains états reconnaissent le mariage entre personne d'un même sexe. L'amendement "gay friendly", rejeté de justesse par l'assemblée (338 contre, 308 pour), était soutenu massivement par le Conseil consultatif des jeunes  presbytériens. Le journal new yorkais y voit l'expression d'une rupture générationnelle.

Pour notre part, nous avons observé le spectacle haut en couleurs d'une fin de semaine de festivités Gay Pride dans West Village lors de notre arrivée à New York et nous nous sommes dit que pour les couples présents, le coming out semblait être de la vieille histoire. (ML)

jeudi 12 juillet 2012

GOD BLESS THE MAINE


Entre New York et Boston, la forêt est dense et continue; les arbres ne sont pas très hauts mais, du fait d'un relief relativement plat, ils empêchent toute perspective recherchée par notre regard curieux. Les routes longent la côte mais l'Océan ne se dévoile pas. Il faut prendre la perdendiculaire pour déboucher sur l'eau bien présente, au hasard d'un chemin dont on tente de deviner le statut, de préference public. La skyline de Boston, elle aussi, a du mal à apparaître lorqu'on approche la ville par l'Ouest. La monotonie du paysage et notre lassitude stimulent notre attention au moment où nous devons définitir un nouvel itinéraie vers Mount Desert, la presqu'île protégée (Acadia National Park - Sud Est du Maine) où vécut Marguerite Yourcenar. Le choix de la "Scenic Drive" (US Route 1) entre Bath et Ellsworth s'impose donc et nous ne décevra pas. La route ici surplombe (parfois) la mer. Les villages traversés sont voués à la sylviculture, la pêche et l'agriculture. Plus loin, les Monts au Nord de Camden nous offrent un premiere véritable point de vue, large et ouvert, sur l'Océan,  cette même perspective dont nous jouirons  sur les roches granitiques des côtes de Mont Desert. Pour nous, ce sont ces lieux  isolés de rencontre entre le bleu infini et la terre sauvage qui auront rendu vivant le souvenir des évenements fondateurs  des Etats-Unis d'Amérique. (ML)

EXCURSIONS


Aux Etats-Unis, tourisme, histoire et attractions se conjuguent aisément.  Tout est sujet à divertissement.  A défaut d’éléments authentiques, des reproductions ou des pièces commémorant l’événement et / ou l’illustrant librement marquent les lieux. C’est le cas à Salem et à Plymouth.

A 60 miles au Sud de Boston, Plymouth se définit  elle-même comme étant  l’America’s Home Town. La ville est célèbre en raison de l’accostage du Mayflower et surtout de l’installation de l’une des premières colonies anglaises aux Etats-Unis. Le trois-mâts venait de Plymouth. A son bord, 102 passagers et membres d’équipage, des animaux et de la nourriture, des éléments de base pour s’installer. Appelés Pilgrim Fathers, ces immigrants puritains venaient  chercher une terre vierge, où pratiquer en toute liberté leur religion, sans contrôle du  gouvernement ni contrainte. Ils pensaient atteindre les côtes clémentes de la Virginie, où ils avaient acquis des terres. Mais en hiver 1620, ils ont accosté sur la côte Est, rude et déjà occupée par les Indiens  Wampanoag, après 66 jours de traversée. Une réplique du Mayflower mouille sur la jetée et se visite. De nombreux touristes américains viennent « là où tout a commencé »… Les Pèlerins ont en effet forcé le respect par leur  volonté, leur capacité à s’implanter et à prospérer sur cette terre a priori inhospitalière. «Combat, sacrifice, triomphe» trois éléments qui les caractérisent dans la mémoire collective et qui sont mis en scène à « Plimoth Plantation », la reconstitution du village de 1627. Des acteurs en costume d’époque évoluent dans un décor recomposé, reproduisant les gestes du quotidien. Les Indiens ont eu aussi leur village…

Des membres issus de la même communauté puritaine ont créé le village de Salem, à une quinzaine de miles au Nord de Boston. L’épisode de la chasse aux sorcières de 1692 y est  tristement célèbre. A la suite de comportements déplacés de jeunes filles, une esclave est  soupçonnée de pacte avec le diable ; celle-ci va impliquer d’autres personnes pour tenter de se sauver… Au total, plus de 150  seront accusées de sorcellerie. Parmi elles, une vingtaine seront exécutées et les autres finalement libérées, après des mois d’hystérie collective. L’industrie touristique joue à fond la carte de la présence des esprits, démons et autres ensorceleurs;  comme une sorte d’Halloween perpétuel. Ce qui glace bien davantage, c’est le souvenir de l’obscurantisme.  Et son ombre toujours présente. En 1953, Arthur Mille utilisait « Les Sorcières de Salem» pour dénoncer le maccarthysme. 

Note : ce que l’on sait peu, c’est que la ville de Salem fut surtout un port très prospère. Le Peabody Essex Museum, du nom d’une famille d’armateurs du 18e s. vaut une visite. Il rassemble, dans un bâtiment moderne et lumineux,  les très  nombreux  souvenirs et œuvres d’art ramenés de voyages en Asie. (BP)

CAMBRIDGE


Dès leur établissement en Nouvelle Angleterre, les Pèlerins ont copié les modèles de l’Ancien Monde. Cambridge, célèbre ville universitaire anglaise a inspiré la non moins prestigieuse cité universitaire de Cambridge, Etats-Unis. En traversant la Charles River, on pénètre dans ce quartier Nord de Boston qui héberge Harvard University et le fameux Massachusetts Institute of Technology (MIT).

En 1636, 16 ans après l’arrivée des premiers Pèlerins, 9 étudiants reçoivent des cours académiques classiques dans cette université qui sera baptisée Harvard Collège (en l’honneur du legs du pasteur  John Harvard, premier « maître » à y donner cours), sur le site de Cambridge. Aujourd’hui, elle accueille plus de 20.000 étudiants, a une réputation d’excellence et rivalise avec son homonyme. Il ne suffit pas d’être brillant pour y être accepté, les qualités sportives et d’autres aptitudes sont prises en considération. Comme un tempérament volontaire et un caractère de leader.  Cette  cité du savoir et de la culture a par exemple formé plusieurs présidents des Etats-Unis, dont Barack Obama, et, avec le MIT, a produit de nombreux prix Nobels.

L’ambiance est telle qu’on l’imagine aux abords d’un campus : une population jeune, de nombreux bars et restaurants, des petites boutiques, beaucoup de va-et-vient… La partie la plus ancienne de Harvard se situe autour du Old Yard, dans une enceinte de briques percée de portes. S’y succèdent des bâtiments plus ou moins imposants de briques rouges et de pierres: dortoirs, chapelles,  bibliothèques, musées ….  A noter : un bâtiment de Le Corbusier (le seul érigé par l’architecte en Amérique du Nord) est intégré au Harvard Museum, il est fermé tout comme celui-ci pour rénovation, assurée par Renzo Piano.  L’atmosphère autour du yard  est paisible, studieuse sans être austère. L’importance de la vie en communauté se ressent. D’autres collèges et universités sont disséminés dans Cambridge et dans différents quartiers de Boston ; lorsqu’on visite la ville, on tombe forcément sur un mini campus. C’est impressionnant.

Le long de Massachusetts  Avenue, près de la Charles River, s’étend le MIT. Un campus moderne, un dédale à première vue, guère facilité par la dénomination des bâtiments, désigné par un numéro plutôt que par leur nom ou leur fonction. Autour de ce campus se sont implantées des firmes pharmaceutiques (Novartis construit un imposant nouveau bâtiment),  des entreprises du secteur des biotechnologies et de l’informatique… Ici, c’est l’activité économique qui semble donner le ton.

L’Institut a d’ailleurs été fondé en en 1861 pour donner une finalité pratique aux études. Considéré à la pointe et réputé dans le domaine de la recherche appliquée et se compose de cinq écoles (ingénierie, sciences pures, sciences humaines et sociales, management, architecture et urbanisme). Le site du MIT est constitué de bâtiments interconnectés, dont le plan a été  réalisé en 1916 par l’architecte Welles Bosworth. Il se visite aussi pour son architecture, loin des accents british de Harvard, mais signée par quelques grands noms du 20e s. : Eero Saarinen, Alvar Aalto, Eduardo Catalano, Pei (gradué du MIT School of Architecture en 1940). Le bâtiment le plus récent est l’étrange Stata Center érigé par Franck Gehry en 2004. Une impression d’instabilité lorsqu’on observe le bâtiment,  à l’intérieur, des espaces très agréables…. A voir aussi, des sculptures d’Alexandre  Calder, Henry Moore, Michaël Heizer…

Boston, ville culturelle et intellectuelle, doit beaucoup à ses universités. Comme sa réputation de ville progressiste et libérale au sens américain. A la pointe des combats menés pour les droits et les libertés. Cambridge est d’ailleurs appelée « The People’s Republic ». Le temps de l’intolérance et  de la philosophie puritaine des premiers colons est bien loin. Ici.  (BP)

dimanche 8 juillet 2012

CHANGE THE DREAM AND YOU CHANGE THE CITY

Un des intérêts d'institutions culturelles comme le MoMA est d'indiquer les tendances, de montrer l'avant garde. Philip Jonhson (dont nous avons visité le très beau Glass House - voyez le billet y consacré) avait ainsi, en tant que directeur-fondateur du Département de l'Architecture au MoMA, fait découvrir à ses concitoyens le mouvement moderniste en 1932 ("First international Exhibition of Modern Architecture").  Le logement lumineux,  spacieux et aéré ("The House of the Future") devait se substituer aux taudis et baraquements urbains. Depuis, Philippe Jonhson a suivi son chemin, devenant lui-même architecte, concepteur de nombreux ouvrages post-modernes. Ses tours ont investi les centre-villes (à New York, Boston, Houston, etc.)  et les banlieues américaines se sont  étendues, recouvertes de pelouses et de maisons quatre façades. Durant des années, et aujourd'hui encore, accéder au statut d'américain passe(ait) par cette maison typique et tout ce qu'elle implique(ait) comme mode de vie et imaginaire. La crise des subprimes a toutefois sérieusement ébranlé le dispositif. Les ravages sont criants et visibles partout. Le MoMA, 80 ans après l'exposition sur le Modernisme, marque à nouveau une étape avec "FORCLOSED: REHOUSE THE AMERICAN DREAM". La crise des subprimes est l'occasion de repenser fondamentalement la question de l'habitat: "Change the dream and you change the City" est le postulat de  Reinhold Martin, professeur à Columbia University  et directeur du projet (The Buell Hypothesis) exposé jusqu'au 13 août dans le Musée new yorkais. Les  projets de quartiers nouveaux étudiés pour l'occasion montrent l'orientation que devrait prendre la nouvelle ville: compacte, verte, animée, diversifiée, écologique, etc. Rien de très étonnant, pour  les européens avertis que nous sommes :-), mais sans doute un vrai tournant de ce côté-ci de l'Atlantique, tournant stimulé par la Présidence fédérale (voyez notamment l'intervention du Secrétaire au Logement, Shaun Donavan). A noter que l'Université de Columbia, précisément, a obtenu le label LEED Platinum pour son projet d'aménagement d'un nouveau campus à Manhattanville. En l'occurence, c'est l'ensemble de l'approche urbaine qui est primée, pas uniquement tel ou tel volet de technologie environementale, ce qui me paraît aussi une évolution intéressante. 


  

BOSTON CLASSICS



Deux tracés vont servir de fil conducteur à cette première découverte de Boston. L’un matérialisé par une ligne rouge au sol, l’autre part une sorte de coulée verte, en lieu et place d’une autoroute.

L'itinéraire rouge. La promenade du  « Freedom Trail » permet  une plongée dans l’histoire de Boston et des Etats-Unis. Longue de 4 Km, elle fait étape devant 16 sites d’importance, liés à la création de la ville  et aux débuts de  la révolution américaine: églises, State House, cimetières et monuments, lieux de réunions et de discours mémorables contre l’autorité de Londres, pour de grandes causes (l’abolition de l’esclavage, la place des femmes dans la société...). Prenant son point de départ dans le Boston  Common, le parc du centre-ville, où les Puritains ont établi leur quartier dès leur installation en1630, la balade traverse les rues de Boston, qu’elle marque par un trait de briques rouges (le plus souvent). Cet itinéraire constitue une manière aisée de faire connaissance avec la ville et l’histoire. C’est ainsi, aussi, que l’on réalise qu’en début juillet, Boston est surtout parcourue par les  (hordes de) touristes, la plupart américains, venus se recueillir sur ces lieux où leur identité a commencé à se forger. Les  étudiants d’Harvard et du MIT sont en congé et les bostoniens ont fuit la chaleur écrasante et pris leurs  quartiers d’été à Cape Code ou dans une des nombreuses villes balnéaires proches…

La coulée verte. Après une longue marche qui se termine sur les docks, le retour en bateau taxi permet  un bel aperçu de la skyline bostonienne ; il nous dépose sur la rive est, à proximité de l’aquarium.  Nous prenons alors la promenade « verte ».  Des pelouses, des fontaines et des espaces arborés ont remplacé la « central artery », l’autoroute à six voies  séparant le centre-ville de la rive. Congestionnée,  bruyante, réputée dangereuse, cette autoroute surélevée gâchait autant le paysage que la vie des  Bostoniens de ce quartier. Le projet d’enterrer l’autoroute dans un tunnel souterrain a mis du temps avant de voir le jour et d’être entièrement terminé:  conçu dans les années  1970, planifié en 82  et débuté en 91, le « Big Dig » n’a été entièrement terminé qu’en  fin 2007, du fait des délais entraînés par les  surcout set de nombreuses « mal façons ». Il est difficile d’imaginer, aujourd’hui, qu’une autoroute passait à cet endroit ! L’affreuse balafre qui zébrait Boston Est est devenue un espace public aéré et arboré, un poumon vert dans la ville. (BP)







GLASS HOUSE


Rendez-vous  dans le centre de New Canaan -  petite ville aux allures de Lasnes-, dans l’état du  Connecticut, à 1h30 de l’aéroport de JFK –New York.  Un bus nous conduit du centre d’accueil à la propriété de Philip Johnson.  Nombre de visiteurs limité, consignes strictes mais guide charmante et compétente.  Le terrain de XX s’ouvre en contrebas de la route. Disséminées sur l’espace en surplomb, quelques œuvres posées dans le parc  (Donald Judd, Julian Schnabel), des bâtiments plus ou moins discrets (dont une galerie de peinture enterrée) et au centre : la glass house.  Ce rectangle de verre, aux allures modernes et radicales lors de sa construction en 1949, est toujours aussi actuel. On y ressent de la quiétude ;  s’y  exprime élégance et justesse.  Cette « maison » d’une seule pièce, disposant d’une cuisine et d’une salle de bain quasi invisibles, est entièrement  ouverte sur la nature et  l’environnement.  Celui-ci fait partie de l’espace intérieur.  Philip Johnson est mort en 2005 dans sa Glass house, à l’âge de 99 ans. Le lieu est ouvert au public depuis 2007. (BP)

HAPPY 4th OF JULY

Des pelouses  rasées de près, des drapeaux au garde à vous, d’énormes rhododendrons  bleus en bordure de propriété, un ciel sans voile…. Le décor à la Ralph Lauren est prêt pour la fête nationale. Mais ce n’est pas dans les rues, ni dans les jardins que cela se passe.  Pour savoir où se rendre, il suffit de suivre la marée de voitures et de piétons convergeant vers une prairie – parking (à 25 $ le stationnement). En face : la plage et l’océan… et aussi l’odeur de maïs grillé et de barbecue, une population bigarrée (nombreux hispanophones), une scène où joue un groupe local… A 21h pile, alors que la nuit n’est pas noire, le ciel de fin de jour s’embrase d’un feu d’artifice lancé d’un bateau et qui va durer 40 min. Après le départ donné par Norwalk, c’est toute la côte qui va s’illuminer au fur et à mesure,  chaque cité offrant son propre spectacle à ses habitants.  La richesse d’une ville se constate  aussi dans sa capacité à offrir le feu d’artifice le plus inventif, c’est Bridgeport qui gagne haut la main ! (BP)

EN ROUTE

Après 9 journées passées dans la trépidante New York, nous prenons la route vers le Nord-Est. Cap sur Boston, à quelques 300 km. Nous reviendrons plus tard sur New York; voyez déjà quelques photos dans la rubrique "PICTURES". La conduite sur  les routes et les autoroutes aux USA est simple, calme et fluide. Seulement, il s'agit de s'habituer aux panneaux et leur logique, aux habitutdes de conduite parfois surprenante (un chauffeur qui quitte sans annonce et sans vitesse la bande d'arrêt d'urgence, ...).  Nous calquons notre conduite sur les locaux: rouler lentement, céder le passage, passer au rouge pour tourner à droite... Faire comme toute le monde est la garantie de bien faire, non ?Il faut dire qu'à part la traversée de quelques villes, le paysage entre New York et Boston n'offre que peu de distraction. No dramatic view. Forêt dense s'allongeant sur des miles, de part et d'autre de la route.  L'Océan est proche mais ne se montre pas. (ML)

dimanche 17 juin 2012

PRELUDE

Ce dimanche 24 juin, nous partons pour quelques semaines aux Etats-Unis. Une dizaine de jours à New York, puis, en route vers Boston et la Nouvelle Angleterre, Montréal, Detroit, Chicago et le centre. Comme en 2008, nous posterons régulièrement des billets pour relater nos impressions et nos découvertes... et serons contents de recueillir vos avis.